Il n'est jamais confortable de se trouver dans le camp du perdant même si c'est là ou réside l'interêt de la démocratie. ce statut devient plus délicat encore pour ceux qui ont tendance à vendre la peau de l'ours avant de l'avoir achevé. Mais quand on a l'égo qui se gonfle et prend des proportions à la mesure du mépris qu'on porte à l'adversaire de son candidat préféré, on ne peut pas prétendre respecter le choix de la majorité ni être démocrate, c'est plutôt une patologie dont seul un psychiatre peut redresser.

L'article publié sur le journal "Réalités" cette semaine par Me Abdelaziz Mzoughi à propos de l'élection de Me Abderrazak Kilani à la tete de la section de Tunis de l'ordre national des avocats est un modèle dans ce domaine de gémissements de chagrins frolant l'injure sans briller par son objectivité. Le résultat qui semble avoir boulversé ses repères l'a mis dans un état qu'il ne dicerne plus vers qui ses coups sont portés dans la mélée.

Moi non plus je n'étais pas neutre dans ces élections. Je suis de ceux qui ont demandé à Me Kilani de se porter candidat. Avec toute l'amitié et le respect que j'ai pour Me Chawki Tabib cette décision n'avait été motivée que par le bilan de son dernier mandat au sein du conseil de l'ordre des avocats. Ses positions sur des questions de principe lors de prise de certaines décisions ne cadraient pas avec la lutte menée pour l'indépendance de la justice et des avocats dans notre pays.

Le véritable enjeu de ces élections dans son double volet, bâtonnier, conseil et sections comme je l'ai remarqué dans un texte il y a quelques mois est de faire face au dessin d'OPA que le pouvoir prépare pour mettre la main définitivement sur l'institution et la transformer en satellite aux ordre comme il s'est produit pour l'association des jeunes avocats. La candidature de Me kilani de ce point de vu n'était pas destinée à barrer la route à Me Chawki Tabib, mais pour affirmer avec résolution la ligne d'indépendance et d'autonomie qui a toujours caractérisé cette institution et le refus de la ligne de compromis électoraliste sur ce statut. En résumé il n'y a pas d'opposition de programme avec Me Chawki ni aucun des autres candidats mais une opposition sur le système pour lequel on lutte et qu'on croit le seul capable de permettre à tous les programmes de s'exprimer et à celui élu par les avocats d'être appliquer. C’est ça à mon avis la conclusion à tirer du dernier mandat et que la majorité des avocats ont saisi comme le démontrent les résultats.

Je suis de ceux qui ne partagent pas l'évaluation de la situation exprimée par Me A. Mzoughi dans son article ni celle de beaucoup de mes amis islamistes qui se sont mis avec lui dans le même camp.

Me Mzoughi dans sa lecture de la situation dit l'essentiel pour nous épargner la dissertation sur l'opposition de camps que nous a dévoilé cette dernière confrontation :

" ... Le pays est gouvernée depuis plus de cinquante ans par un courant modéré mais despotique, ...il regorge de révolutionnaires de salon,... enragés. L'hermétisme de l'ouverture pratiquée par le pouvoir ont transformé toute instance de médiation ou de défense des intérêts catégoriels en organisation-refuge ou tous les pseudo-révolutionnaires se sont donné rend-vous en attendant des jours meilleurs. Ce n'est pas de la politisation salutaire... mais une politisation intolérante chauvine qui ne laisse place à aucun véritable débat et qui met en avant les moins sages et les plus fous. Cette véritable bombe à retardement qui n'intéresse visiblement pas le pouvoir et qu'il semble même encourager a fait des ravages dans des organisations aussi diverses que l'UGTT, la ligue ou le conseil de l'ordre des avocats..."

Cette réaction tel un "Dahlan" après sa déroute dans sa bataille de "Ghazza" face à un adversaire, qualifié pourtant en "Joueur de football moyen" qui "détestait la chose publique et tournait sa tête à la fenêtre chaque fois qu'on parlait de politique" n'est qu'un SOS adressé à la dictature et son parti unique qualifié de courant modéré pour l'éradication de ces révolutionnaires présumés. La dictature et son Khalia devient ainsi l'allié auquel on n'a plus rien à reprocher malgré tout ce qu'elle a fait subir aux avocats, à leur corporation et à la justice en particulier ce qu'aucun avocat ne peut ignorer.

Ainsi la confrontation qui c'est déroulé à l'occasion de ces élections révèle sa véritable nature et le véritable piège dans lequel Me Chawki lui même à été pris. Entre défenseurs des principes et des valeurs et opportunistes calculateurs imbu de leurs ego démesurés et totalement déracinés de leur réalité on ne peut se trouver que face à une image déformée, pire que la dictature. C'est ce camp que les avocats ont bien saisi la nature et qui vient d'être battu.

Je ne vais pas satisfaire la curiosité de ceux qui se demandent encore comment Me Kilani à pu gagner face à l'RCD, les islamistes et ce genre spécimen de gauche coalisés, car s'ils n'ont pas compris encore il ne comprendront peut être jamais que la patrie prime parfois les intérêts de personnes, de courants et de partis. On ne défend pas nos institutions pour un tel ou tel individu, en les défendant on les défends pour notre patrie et pour quelle restent sa véritable expression. En démocratie il n'y a que des adversaires et jamais d'ennemis, son suffrage doit être respecté et ses élus ne doivent plus se considérer les représentants de ceux qui leurs ont votés seulement. Ces par ces mots que Me abdelfattah Mourou s'est adressé dans une réception donné par certains élus vendredi et tant qu'il y a de sage comme lui, les fous et les enragés ne peuvent se trouver que parmi ces révolutionnaires mesquins d'antan hantés de révolution au point d'en faire une accusation qu'il dénonce au pouvoir par la délation.

Ce que Me Mzoughi, homme de gauche notoire, omet de préciser dans son article est qu'il été dans cette consultation l'allié d'El khalia et des Islamistes qu'il n'a jamais ménagé auparavant. Cette "coalition hétéroclite" pour reprendre ses mots, il ne parvient même pas à trouver le courage de l'avouer et de s'arrêter sur la cohérence des motifs qui l'on conduit à s'y trouver.

Personne n'ignorait que Me Tabib était le candidat soutenu par les islamistes dans la campagne précédant ces élections. Les derniers consignes de l'RCD étés qu'El Khalia ne s'opposait à aucun candidat sauf Me Kilani et Me Jmour qui ne représentait en réalité aucun poids qui peut la menacer. L'homme à abattre été donc Kilani personne ne l'ignorait au début du scrutin. Me Chamli s'est retirer pour éviter d'éparpiller les votes RCD, il resté face à lui Me Chawki Tabib et Me mohamed hadfi un autre symbole de la gauche qui se présente pour la deuxième fois au nom d'El Khalia. De notre part on considérait la compétition avec Me Tabib limité au premier tour. Les voix de l'un comme de l'autre se porteront sur celui qui passera au second tour.

C'est la que la magouille intervient, les gens d'El Khalia avec le secrétaire général de l'RCD qu'on dit présent sur les lieux ont compris qu'avec Me Hadfi au second tour les voix des islamistes ne se reporterait jamais sur lui et qu’ils risquaient de se trouver avec Me Kilani président de la section de Tunis s'il doit l'affronter au second tour. C'est alors qu'ils ont décidés d'abandonner Me Hadfi à son sort et leurs consignes secrètes donnée à leur adhérant été en réalité de voter Me Chawki Tabib dés le premier tour. L'ambiance qu'il ont fait régné sur le lieu des élections au cours du vote du second tour été tel qu’on croirait que la proclamation de la victoire de Me Chawki Tabib n'est plus qu'une question de formalité.

Aux amis qui me dépêchait de venir avant le début du vote du second tour par leur appels répétés alors que je me trouvait à plus de 60 Km de Tunis j'ai répondu comme ils peuvent en témoigner que je ne viens pas pour le mercato ni pour voter je viens juste pour fêter la victoire de mon ami Abderrazak Kilani. On été aussi convaincu que le message qu'on a voulu passer par la candidature de Me Kilani à pris dans la masse des avocats et se sont leurs voix qui ont bousculés tous les comptes et toutes les stratégies.

L'important aujourd'hui est que cette "île de démocratie" que constitue le barreau comme l'a qualifié le journal Al mawkif soit étendue à tout le pays. C’est pour qu'un tel choix soit à la portée de tout Tunisien pour tout poste de responsabilité qu'on se bat.

Vive la démocratie.

Yahyaoui Mokhtare - Tunis 15 07 2007 

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